Samedi, 16h30. J'arrive au stade pour retirer mon dossard. Tout marche au poil, le partenariat avec CLM marche comme sur des roulettes, merci Gilles ! Je repère ensuite Jimmy, équipé du T-shirt CLM. On échange quelques mots (et un T-shirt, super !) puis direction le stand France Télécom pour envoyer sur nos sites respectifs les n° de dossard pour permettre à nos multiples fans de nous suivre en direct de la course le lendemain. Dur d'être des stars (enfin, surtout eux, moi je suis la tortue du groupe).

Le soir, je fais la pasta-party en indépendant, avec ma chère femme. Accrochage du dossard, préparation du sac, relecture de la check-list. Tout est prêt. La pression monte mais tout va bien.

Dimanche, 7h. Debout là -dedans ! Je me glisse hors du lit, discret comme le clairon dans une caserne. J'ai pas mal tourné dans la nuit, mais le sommeil est resté correct. Petit-déjeuner copieux mais pas trop, habillage. J'ai un peu mal au ventre (toujours mes problèmes de la semaine) mais j'espère que ça ne me gênera pas.

A 8h30, c'est le départ, ma femme me laisse au stade, elle me retrouvera plus tard. Le temps est beau, assez froid, ce qui est une vraie surprise. On sait que ça peut vite changer mais nous nous rassurons en pensant que le changement de marée n'arrivera que l'après-midi. Finalement, les conditions sont vraiment idéales pour courir. Les quelques nuages qui passeront sur la course permettront de ne pas avoir chaud, mais à l'inverse les éclaircies, surtout à l'arrivée, superbe !, ne laisseront pas le froid s'installer dans nos corps épuisés. Qui a dit qu'il pleuvait toujours en Bretagne ? C'était sans compter avec le légendaire micro-climat du golfe du Morbihan: il y fait toujours beau (souvent plusieurs fois par jour disent certains). :-)

Je pensais prendre un bus pour me rendre au point de départ mais finalement je m'y rends à pied. Ca m'échauffe ! Sur le chemin, un petit bonjour à Jimmy, déjà en plein échauffement. Les coureurs ont envahi les jardins des remparts, c'est la première fois que j'y mets les pieds moi aussi. Etirements, pommade, je trottine 10', dépose mes affaires, puis me place derrière la ligne. Discutant un peu avec Thierry qui vise 3h30, je me place entre les meneurs 3h30 et 3h45.

10h10 - le départ Forte émotion avec le feu d'artifice sur les remparts. Oui, on arrive à le voir malgré le soleil ! Il continue, impressionnant par le volume sonore, pendant les premières foulées. Je pars tranquillement comme prévu. Les rues sont un peu étroites pour les 1600 coureurs du marathon, mais ça régule l'allure. Je passe au premier kilomètre en 5'41", il est temps de chercher le rythme.

Un peu plus loin, le meneur 3h45 me rattrape, je me laisse glisser dans le peloton mais décide de me servir de ce meneur pour trouver mon rythme sur les premiers kilomètres. 5'26" au second, puis 5'03" au troisième, il a accéléré mais au moins, il me donne le bon tempo. Je vais néanmoins le lâcher au 4ème kilomètre au moment du ravitaillement, auquel j'attrape un verre d'eau bien sûr mais sans trop m'arrêter.

Je tâtonne ensuite pour trouver mon rythme sur l'étroit sentier du Golfe. Des petits groupes se forment et ma première intuition est d'en attraper un qui me semble aller à la bonne allure. En fait, il va un peu trop lentement (5'16" et 5'17" aux km 7 et 8). Je me décide donc à passer et à chercher moi-même le rythme. Je suis entre 5' et 5'07 sur les kilomètres suivants, passant au 10ème en 52'32". C'est parfaitement en accord avec le plan.

Nous sommes revenus sur le port de Vannes, où l'ambiance est très chaleureuse. Comme les prénoms sont affichés sur les dossards, les encouragements sont personnalisés. Au début, ça surprend, on se retourne pour savoir qui nous appelle. Mais on y prend vite goût, et je m'applique à retourner les sourires à ces supporters !

Direction Conleau maintenant, que j'ai hâte de voir. J'ai entendu dire que c'était très joli mais n'y suis en fait jamais allé. Sur le sentier, toujours aussi agréable, je commence à ressentir des maux de ventre. Ce n'est pas la faim (j'ai oublié de mentionner qu'à tous les ravitaillements, j'ai associé eau et banane principalement, parfois orange). Pourvu que ça passe !

Le passage à Conleau ne me déçoit pas. Entre soleil et nuages, la lumière est magnifique. J'en profite car je sais qu'au second passage, je ne serai plus en mesure de bien en profiter. Sur la petite digue du port, je salue quelques supporters installés dans une barque. Ils donnent de la voix pour l'occasion. Je suis toujours sur un rythme de 5' à 5'05" en arrivant au ravitaillement "terroir", dont je ne profiterai pas toutefois.

Revenu sur le sentier du Golfe, mes ennuis gastriques me convainquent de m'arrêter au km 17. Une minute d'arrêt environ puisque je boucle ce kilomètre en 6'07". Au moins ça va mieux, et je ne serai plus gêné de ce côté-là . Nous entrons à nouveau dans la ville, par de petites montées et quelques faux-plats. Aïe, tout à l'heure il faudra passer ces diffiucltés, même légères, aux km 38 à 40 ! Balaise !

Nous approchons du stade, je suis un peu surpris par le ravitaillement du km 19 (que j'attendais plus loin). Je prends quand même le gel que j'avais prévu pour la mi-course même si ça me ralentit un peu. Le 20ème km est mon kilomètre le plus rapide: 4'57", j'essaie de me modérer et commence à me répéter : sois lucide sur tes capacités, reste à un rythme que tu peux soutenir sur la durée, un kilomètre trop rapide d'une seconde, c'est une minute de perdue à l'arrivée

Semi: 1h50'25" Nous sommes entrés dans la vieille ville, l'itinéraire est un peu plus vallonné mais ça ne monte pas autant que je le craignais. Nous sommes plutôt à flanc de colline. Tant mieux ! La descente dans les petites rues piétonnes et commerçantes, au milieu des passants et sur les pavés, se passe très bien. Heureusement qu'il n'a pas plu ! Nous sommes de retour devant les remparts. C'est le début du second tour, et la course n'a pas encore commencé.

Je continue à m'obliger à ne pas accélérer, je me modère, je me répète de rester lucide. Jusqu'au 25ème km, je ralentis en fait un peu sans m'en apercevoir, je deviens plus proche de 5'10" que de 5'. C'est toujours conforme à mon plan, et ce serait un mauvais moment pour accélérer. Je sens que le début de la course, le km 30, approche et je me répète que je suis en train de terminer l'échauffement. Le passage dans le village d'Arcal (le village où on n'a plus mal !) est régénérant: une haie d'honneur de spectateurs en toge et couronnes de lauriers fait la holà sur notre passage !

Entre les km 27 et 30, le rythme continue à décroître tout doucement, insidieusement et passe la barre des 5'15" au km. Le moral est bon, les jambes répondent encore bien présentes, et je suis focalisé sur ce 30ème km, que je vois comme un second départ. Juste avant d'y arriver, je prends un second gel, un peu tôt par rapport au ravitaillement ce qui m'assèchera un peu la gorge pendant quelques centaines de mètres.

30ème km: 2h36'34" Nous y voilà , me dis-je. Maintenant, c'est 12*1km, il faut tenir le rythme ! Juste avant le 31ème km, une surprise m'attend: ma femme est là pour m'encourager, elle me crie de tenir bon et m'indique qu'elle me retrouve au km 35. Je suis tout content et en oublie de noter un passage kilométrique.

Je maintiens le rythme en-dessous de 5'15" jusqu'au km 33. Nous sommes revenus au port. Il y a un peu moins de monde pour nous encourager. L'état d'esprit se transforme. Je m'invective en ajoutant au besoin de lucidité la détermination. Km par km, je me répète : tu dois tenir ce rythme jusqu'au prochain ! Au 34ème, sur la longue ligne droite en direction de l'écluse, mon mollet commence à donner des signes de crampes: je la sens, elle est là , elle est sur le point de démarrer et me fait grimacer sur certaines foulées.

Je ne ralentis pas vraiment, je m'efforce de tenir le rythme. D'ailleurs je double pas mal de monde, beaucoup de gens qui visaient sans doute 3h30 et ont percuté le mur sans doute. Je reste vers 5'15" au km, au prix d'un gros effort de volonté car il faut pousser sur les jambes. Je passe au 35ème en 3h02'56". La présence de ma femme une nouvelle fois me redonne des ailes et pendant quelques centaines de mètre mon mollet me laisse tranquille.

Au 36ème ou 37ème toutefois, ça reprend de plus belle, et je décide de m'étirer. Je repère un arbre sur le sentier, j'étire, je compte jusqu'à 10, je repars. Ca fait plutôt du bien mais qu'est-ce que c'est dur de repartir et de relancer. Mon allure est passée à 5'30" au km. C'est toujours conforme au plan. On repasse dans Conleau, avec le ravitaillement "terroir" que je snobe une fois de plus, quel dommage !

Au ravitaillement qui suit, après le 38ème, je marche pour la première fois, avale deux grands verres d'eau, mange un bout. J'ai pris 30" mais c'était devenu nécessaire. Je repars sur le sentier, je sais que l'arrivée n'est pas loin mais essaie de ne pas y penser. Je fais toutefois des calculs et sais que si je tiens un rythme de 6' au km, je serai dans mon objectif de 3h45. Je reste déterminé et j'essaie de pousser sur les jambes, qui sont bien dures maintenant, avec le mollet qui donne parfois, sans crier gare, des signes de crampe qui me font grimacer mais vont et viennent aléatoirement.

Me voici maintenant dans les montées que j'ai repérées au premier tour. Je suis à bloc (sans doute vers 5'30 quoi !), et double encore pas mal de concurrents. Quelques-uns passent devant moi, à l'aise. Sans doute des concurrents qui l'ont joué "tranquille" jusqu'ici et qui se préparent un beau négative-split. Mon quadriceps droit donne des signes de fatigue un peu inquiétants... Je m'arrête encore au ravitaillement du km 40 pour boire. C'est la fin des montées, je sais que tout ce que j'ai à faire maintenant c'est de résister. Au passage du km 41, en descente, je sais que je vais y arriver. Mon mollet a l'air de tenir, je tente une accélération. C'est plus pour en finir que pour gagner des secondes...

La ligne droite qui mène au stade est là , au détour du rond-point. Beaucoup de spectateurs nous encouragent, je vois l'arche d'entrée du stade, l'arrivée quoi ! Ma femme est là qui me crie plus que deux-tiers de tour du stade. Ha! Merde! Je l'avais oublié ça, ça rallonge de 300m au moins ! Comme je suis prévenu, je parviens à ne pas être démoralisé entrant dans le stade. J'accélère, j'ai parcouru le 42ème kilo en 5'07", je ne sprinte pas pour la fin, mais presque !

L'arrivée, enfin ! 3h43'09" Je regarde le chrono. C'est super, j'ai tenu mon objectif ! Mais surtout, je suis arrivé, quel soulagement ! Je reprends mon souffle dans l'aire d'arrivée, ma femme arrive, je la serre dans mes bras (heu... peut-être qu'en fait je m'appuie surtout sur elle pour pas tomber ?). Je suis éreinté, mal partout, ne peux déjà plus marcher mais j'ai le sourire béat ^_^

Je me dirige vers le ravitaillement: je bois un bol de soupe délicieux, assis au soleil sur la pelouse (merci le soleil d'être sorti à ce moment-là !). Je savoure. Accessoirement, je me sens totalement vidé, je vois quelques lumières blanches, et il vaut mieux que je sois assis.

Je récupère ensuite mes affaires, le sweat de l'épreuve (très bien d'ailleurs, beaucoup mieux que les T-shirts habituels !). Heureusement que ma femme est là (encore !) pour m'aider à faire mes étirements. Je suis au bord des crampes et je n'aurais pas pu lever mes jambes tout seul. Il y a malheureusement une heure d'attente aux massages, donc je vais direct à la douche (froide, mais pas glaciale).

Je cherche à dire au revoir à Jimmy et Thierry mais ne les retrouve pas en partant. L'épreuve s'achève donc dans Vannes, autour d'un crêpe et d'une bouteille de cidre, comme il se doit pour un marathon aussi convivial et réussi.