Chaque année, je le redis, le plus beau avec cette Corrida, c'est l'heure de départ. pas 8h30 ou 9h comme les marathons qui obligent à se lever à 5h. Non, 11h30 ! Lever à 8h30 c'est nickel, j'ai même tout le temps de me préparer, il fait jour, c'est quand même mieux pour un dimanche. Coup d'oeil à la météo: génial, il fait grand beau, bien froid. On doit être dans les positifs parce que c'est Paris, donc urbain, mais il a gelé dans les campagnes. C'est ma météo préférée, notamment pour courir. Je vais rester bien couvert pendant la course (cuissard long, petit T-shirt respirant et haut à manches longues).

Je me dirige vers Issy par le métro, trouve facilement le nouveau point de départ (ils ont changé par rapport aux années précédentes, bicoz la croissance, c'est vrai que l'an dernier on était serrés dans le gymnase). Là, organisation tip-top, un peu d'attente aux toilettes mais vestiaires chauffés consigne pour les sacs hyper accessible et rapide. Me voilà changé, il est un peu plus de 10h45, je cherche et aperçois rapidement les CLM. En fait, c'est Eldiablo que je reconnais de suite... à son déguisement bien sûr. Disons que c'est un déguisement "qui en a..."

Quelques échanges, rencontres de gens nouveaux ou déjà aperçus, uen petite photo qui sera en fait floue, et c'est parti pour l'échauffement. Une petite quinzaine de minutes, quelques accélérations. Je me place sur la ligne de départ, pas trop loin, et observe d'un oeil amusé les échauffements. Ca pulse, et ça met une assez bonne ambiance. André Santini y va de son petit mot d'accueil et voilà, le départ est donné, à l'heure !

Je me suis fixé un plan de route entre 4'15" et 4'25" au kilo, et surtout j'envisage de bien surveiller le coeur, je ne veux pas faire d'excès de ce côté-là. Dès le départ, je prends un rythme qui me paraît confortable. Il n'y a pas de bousculade, je n'ai pas trop besoin de slalomer (à peine quelques centaines de mètre). Le changement de parcours fait du bien car il n'y a plus ces premiers virages dans de petites rues qui créaient de fortes compressions. Là, c'est large, presque droit sur un kilomètre. Dès ce premier kilomètre, je suis déjà dans le rythme en 4'19", j'essaie même de me modérer pour ne pas accélérer.

Au passage je repère ce nouveau parcours. En fait, la première montée dans la fameuse côte de la mairie intervient après le 5ème kilo. On va passer deux fois cette montée dans la deuxième partie. Décidément, me dis-je, gardons de la réserve ! Pour le reste, c'est bien plat, peut être un léger faux-plat dans la grande ligne droite qui nous ramène devant la mairie mais c'est très léger. Deuxième et troisième kilo toujours bien, même un peu vite sur le troisième, en profitant de la légère descente qui nous ramène au point de départ. Sans le vouloir, au passage de cette ligne de départ, la foule, les hauts-parleurs et les encouragements de Driou me font un peu accélérer mais je suis agréablement surpris par mes sensations et mon cardio. Je cours le 4ème kilo en 4'13" avec le coeur légèrement au-dessus de 180.

Passage à mi-course en 21'24", je m'efforce de me relâcher car la côte arrive. Nous y voilà, encouragés par un des orchestres du parcours (très enjoués d'ailleurs, bravo à tous). C'est dur sur quelques centaines de mètre, la vitesse tombe et le coeur s'élance vers les 190, mais je résiste. C'est pour mieux profiter de la descente, qui ramène le coeur à des niveaux raisonnables et permet de vérifier que les jambes répondent toujours. Les quelques secondes perdues dans la montée sont assez rapidement récupérées et nous passons à nouveau devant la ligne d'arrivée, avec toujours une excellente ambiance.

J'ai repéré au passage de la première montée que le 9ème kilo se terminait à peu près en haut. Donc le dernier kilo se fera tout en descente. Je m'applique donc à ne pas m'emballer et à en garder pour la fin. 4'23" sur le 8ème kilo, avec la partie la moins roulante, je sais que c'est pas mal. je suis focalisé sur le haut de la montée, ne pas y arriver trop dans le rouge. Les sensations restent d'ailleurs correctes, les jambes s'alourdissent un peu mais c'est raisonnable. Nous voilà dans la montée, ça reste dur, le coeur s'emballe encore, je suis proche du point de côté. Mais je tiens le coup.

Je passe au km 9 en 39'05". Une petite étincelle s'allume dans ma tête: mon record sur 10km (l'an dernier, même parcours) est de 43'05". Si je peux tenir 15 km/h dans la descente, je peux faire mieux. Ce serait inespéré. Les derniers mètres de la montée passés, j'essaie de lâcher ce qu'il reste de chevaux. Dans la grande descente, pas de problème, puis j'essaie de tenir le coup sur la fin de course en faux-plat favorable. Je suis surpris mais j'y arrive, les jambes répondent et le coeur monte, mais doucement (je suis loin de mes explosions en vol au-dessus de 200). Le moral gonflé à bloc, je prends les derniers virages vers l'arrivée et, sprinte avec les quelques concurrents qui m'entourent.

Je passe la ligne, arrête le chrono : il indique 42'59"8. Génial, je suis passé sous les 43', je bats mon record perso et en plus en prenant un plaisir fou à courir chercher ce temps dans le dernier kilomètre. Le temps réel officiel sera en outre de 42'58", ce qui est plus franchement en dessous des 43' que mon chrono ne me l'indiquait. Le coeur joyeux, légèrement euphorique, je récupère T-shirt, eau et médaille. Pas d'embouteillage, bénévoles super disponibles, un seul mini-reproche: rien à manger dans le sac. Mais il y avait quelques bouts de gâteaux sur les stands donc pas de problème.

Heureux comme tout, je pars trottiner quelques minutes pour me remettre, croise Driou et Sjaubert qui s'apprêtent à prendre leur départ, puis en profite pour les encourager. Ils sont (et finiront) dans les 10 premiers (bravo !). J'admire les déguisements en revenant chercher mes affaires à la consigne, en profite pour déguster mon vin chaud (tiens, l'an dernier les verres étaient plus grands). Puis je prends la direction du retour, satisfait d'une belle matinée dominicale, conviviale et sportivement réussie.