La course entre dans une préparation marathon, donc pas besoin de trop se prendre la tête avec l'optimisation des heures de réveil, je ne cherche pas la perf optimale. je pars en visant 1h40 pour un record vers 1h30, donc je m'octroie un réveil à 8h seulement. D'autant que je n'habite pas loin du départ. Après le petit-déj, je pars donc en footing pour m'échauffer: 20' tranquille, avec quelques accélérations sur la fin pour dérouiller la mécanique.

Me voilà arrivé au village, juste à temps pour le retrait des dossards. Tout est très bien organisé, j'ai prévu mes épingles et j'habille mon superbe maillot CLM de mon joli dossard. La foule est déjà dense sous la Tour Eiffel, il y a même des odeurs de barbecue. L'ambiance est détendue. Je retrouve ensuite un couple d'amis à notre ooiint de rendez-vous. Le temps est un peu brumeux et il y a du vent frais donc nous convenons que nous serons mieux dans la file, à profiter de la chaleur humaine de ce peloton de 20 000 coureurs. Sur le pont, on sent quand même assez bien le vent, mais nous passons le temps tranquillement.

Décontractés, nous observons le départ officiel, et franchissons assez vite la ligne. Ca commence par monter et ça bouche un peu. J'ai prévu de faire les deux premiers kilomètres en échauffement, sans chercher à doubler. Je ne fais donc pas partie des hordes qui se ruent sur les trottoirs. Je reste sagement au milieu de la route, à une allure tranquille, je profite des premiers orchestres et observe les coureurs autour, dans une assez bonne ambiance. Premier kilo en 6'23", c'est lent comme prévu, mais ça se dégage progressivement alors que nous approchons du bois de Boulogne par les grandes avenues.

J'accélère progressivement, sans forcer, puis fais une pause technique rapide (l'attente fut longue !). Au redémarrage, rencontre à nouveau avec mon compagnon d'attente, on s'échange quelques premières impressions sympas, je lui dis qu'il va trop vite (il vise 2h et fera 2h03) et puis je me lance en accélérant un peu pour trouver mon rythme de 4'45" à 5' au kilo, comme prévu. Ca descend légèrement, la foulée est légère, l'ambiance décontractée, les allées larges et boisées. Ca se passe bien. Je suis bien dans le rythme, plutôt proche des 4'45 que des 5' au kilo. En revanche, le coeur monte beaucoup plus vite que prévu: 170 dès le quatrième kilo, et ça monte régulièrement. Moi qui espérais stabiliser vers 165 !

Je maintiens quand même l'allure dans le bois de Boulogne, il fait beau, doux, les orchestres sont sympas, je les applaudis au passage. je passe au km 5 en 26'26", je grignote progressivement mon retard accumulé sur les deux premiers kilos, sans m'affoler. Je croise alors un ami, lancé beaucoup plus vite (il fera 1h25). Quelques mots échangés, il sera à New York lui aussi, je le laisse partir devant pour pas le retarder. La course continue de bien se dérouler, sauf que le coeur monte toujours plus. Je maintiens mes allures mais tape les 180 pulsations dès le km 8. Encore plus tôt que lors de semi courus à fond. Pas bon signe mais je maintiens quand même.

Passage aux 10 km en 50'57", je sais que je peux (et dois) faire un beau negative-split. Je m'apprête pourtant à aborder la partie moins amusante des quais. On est au 12ème kilo, et démarre ce qui me semble la partie la plus monotone de cette course. C'est vrai qu'on voit plein de monuments mais je dois être blasé: je m'ennuie ferme. En plus, le peloton est tout silencieux, même plus une conversation de ci de là. Heureusement il y a les ponts et surtout les tunnels: le public y est massé (surtout les familles des participants, hein, les parisiens ça ne les intéresse pas) et ça donne quand même quelques moments sympas. En fait, certains trouvent ces tunnels casse-pattes, c'est vrai, mais c'est aussi les meilleurs moments de la course !. Les seuls où on observe une petite étincelle de soutien dans le public.

Pour ma part, je suis sur un rythme légèrement faiblissant, 4'55" environ, mais il faut dire que je commence à penser qu'il sera dur d'accélérer sur la fin comme prévu. Je prends bien le temps de me ravitailler au dernier point de ravitaillement (après le 15ème où je suis passé en 1h15'25"), ça me fait perdre 30" mais c'est pas grave. Ca y est on voit le bout de la ligne droite, on traverse la Seine avec un public actif avant de redescendre sur les quais de l'autre côté. On a passé le km 17, je devrais accélérer. Mais je décide d'attendre la ligne du km 18. Faut dire que j'ai passé la barre des 185 pulsations depuis 3 km donc je sais que je n'ai pas beaucoup de marge.

L'ambiance est encore redescendue alors que tout le monde commence à sentir l'écurie (je ne parle pas des odeurs corporelles bien sûr). A partir du km 18, je pioche donc dans mes réserves (le coeur est déjà proche de 190 alors y a peu de réserves) pour accélérer. Je me heurte à deux obstacles: d'abord les quais sont relativement étroits vu le flux dense de coureurs donc c'est pas si facile de doubler, ensuite les jambes répondent pas mal (enfin, j'en ai l'impression) mais le coeur monte vraiement vite. Je réussis quand même un beau 4'37" sur le 19ème.

Nous voilà qui remontons vers la ligne, je ne force pas, et allonge juste un peu la foulée sur les derniers hectomètres (4'34" sur le dernier kilo), en faisant des sourires aux photographes. Cette arrivée est très bien organisée et, pour le coup, il y a du public (même s'il n'encourage pas énormément). Je coupe la ligne en 1h39'31", temps chrono = temps officiel et, chose amusante, mon Polar marque 20,0 km parcourus : joli réglage ! Le temps est le pire que j'aie jamais fait sur la distance (record un peu en-dessous de 1h30, meilleure perf de 1h31 sur le parcours) pourtant ce n'était pas une promenade de santé, même si je n'ai pas forcé. Je me contente d'une pointe à 198 pulsations maximum. Mais ce n'est pas très grave vu que l'important était ailleurs: finir à New York. Et puis, avec un plan marathon, on n'est pas affûté pour un semi (surtout avec la fatigue d'un déplacement outre-atlantique dans la semaine). Bref, j'ai les excuses qu'il faut et j'ai rempli mon objectif nominal de 1h40.

La passage au ravitaillement se passe bien (organisation nickel à mon avis sur l'ensemble de la course), je récupère un peu, m'éloigne de la foule, change de maillot (le vent est vraiment frais), bois un coup, mange un bout. Et me voilà reparti pour un décrassage de retour à la maison, fait en trottinant très lentement. Les jambes sont dures comme du bois pendant ces vingt minutes, surtout dans la montée de Montparnasse. Mais c'était encore la meilleure manière de finir cette belle matinée de course. Une jolie course de foule, très bien organisée, mais qui manque un peu de soutien du public pour faire passer les longues lignes droites du parcours.