Là , je sais que la partie facile du parcours est derrière moi. Devant, les tunnels, puis les derniers kilomètres. Je me concentre bien sur les bornes kilomètres, que j’égrène comme des bonus successifs. Sous le premier tunnel, le plus long, je repère une connaissance de travail : " salut, comment ça va ? ". Il a des crampes au mollet, il est inquiet pour la suite. On discute 500m, puis il s’arrête pour s’étirer juste avant la montée.

Ha ! Les montées ! J’en avais entendu parler donc je suis préparé. Je réduis bien ma foulée, je les prends tout en souplesse, sans forcer. Et surtout je compte ! Je sais qu’il y en a quatre. En haut de chacune, je me dis " et d’une ! ", etc. Ces kilomètres se font à une allure plus modérée, je tourne à 5’40-5’45.

Au km 28, je suis sensé retrouver ma femme. Je la cherche, je la cherche mais sans la voir. En fait elle a dû arriver un poil trop tard à Concorde. Ca me fout un coup au moral. En plus, je commence à sentir mes mollets se durcir un peu. Je suis un peu inquiet pour la suite. J’hésite à consommer un gel énergétique mais je n’ai pas d’eau. Je me reconcentre : chaque borne passée est un super-plus, je ne m’attendais presque pas à aller si loin.

Et arrive le kilomètre 30 : on distribue des gels énergétiques, j’en prends un. J’attends le ravitaillement pour le consommer (toujours avec orange, banane et sucre, et bien sûr de l’eau). Malgré cela, je couvre le 31ème en 6’04. L’ambiance a changé : au ravitaillement, on voit des gens se faire étirer ou soigner au poste de secours. Depuis le 25ème, on commence à voir des gens marcher, d’autres s’étirer. Après le 30ème km, finis les joyeux lurons qui fanfaronnent et jouent avec le public.

Je me souviens qu’un marathon c’est 30 km de prologue et 12,195 km de course. Je me dis ça y est, la course commence ! Je garde le rythme, en bouclant le 32ème en 5’37, avant de quitter les quais.